Paul Cézanne
Le coin du grand-père
Ce coin, près du foyer, c’est le coin du grand-père :
C’est là, je m’en souviens, qu’il aimait à s’asseoir,
Les pieds sur les chenets, dans sa vieille bergère ;
Là qu’il lisait le jour et sommeillait le soir.
Je crois le voir encor. Sa tête, couronnée
De beaux cheveux blanchis par l’âge et le chagrin,
Se penchait en avant, doucement inclinée ;
Son visage était grave à la fois et serein.
Son coeur était ouvert à tous. On pouvait lire
Le calme sur son front, la bonté dans ses yeux ;
Et lorsque sur sa bouche il passait un sourire,
On croyait voir briller comme un rayon des cieux.
Louis Tournier