Le poisson volant (Florian)





Le poisson volant


Certain poisson volant, mécontant de son sort,
Disait à sa vieille grand-mère :
«Je ne sais comment je dois faire
Pour me préserver de la mort ;
De nos aigles marins, je redoute la serre
Quand je m’élève dans les airs,
Et les requins me font la guerre
Quand je plonge au fond des mers.»
La vieille lui répond : «Mon enfant, dans ce monde,
Lorsqu’on n’est pas aigle ou requin,
Il faut tout doucement suivre un petit chemin,
En nageant près de l’air et volant près de l’onde.»

Florian*







*Florian, Jean-Pierre Claris de (1755-1794), fabuliste, écrivain français. Il est le petit neveu de Voltaire.


L'aube (Brizeux)








L’aube

L’aube pointait, la terre était humide et blanche ;
La sève, en fermentant, sortait de chaque branche ;
L’araignée étendait ses fils dans les sentiers,
Et ses toiles d’argent au-dessus des landiers.
Première heure du jour, lorsque, sur la colline,
La fleur lève vers toi sa tige verte et fine,
Que mille bruits confus se répandent dans l’air
Et que vers l’Orient le ciel devient plus clair ;
Heure mélodieuse, odorante et vermeille,
Première heure du jour, tu n’as point ta pareille !

Brizeux*



*Julien Pélage Auguste Brizeux (1803-1858) est un poète romantique breton.

Poisson (Paul Eluard)










Poisson


Les poissons, les nageurs, les bateaux
Transforment l'eau.
L'eau est douce et ne bouge
Que pour ce qui la touche.

Le poisson avance
Comme un doigt dans un gant,
Le nageur danse lentement
Et la voile respire.

Mais l'eau douce bouge
Pour ce qui la touche,
Pour le poisson, pour le nageur, pour le bateau
Qu'elle porte
Et qu'elle emporte.




Paul Eluard
(Les Animaux et leurs Hommes)



Une souris à l'école (Georges Riguet)








Il y avait une fois une souris qui habitait la maison d’un vieux maître d’école. Un jour la petite souris s’aventura jusqu’à la salle de classe où le maître instruisait ses élèves ; elle fut bien étonnée.

Elle voyait là des garçonnets et des fillettes, sagement penchés sur leur pupitre et qui ne quittaient pas des yeux la page étalée devant eux.

"Que font-ils ? demandait curieusement Museau Pointu ! J’en aperçois qui sucent leur pouce, d’autres qui se rongent les ongles, d’autres encore qui déchiquettent leurs porte-plume ou leur crayon... Ils ont faim, cela est sûr. Mais pourquoi ne goûtent-ils pas aux livres mis entre leurs mains ?

- Vraiment, ces bambins sont bien sots ! Le pain ou les pommes sont très bons, quand on en trouve ; mais le papier n’est pas à dédaigner non plus !»

La souris grise alla se renseigner auprès de sa grand-mère.

"Grand-mère, que font donc tous ces jeunes garçons et filles qui se rassemblent chaque jour dans cette maison ?

- Ce sont des écoliers ; ils apprennent à lire.

- A lire ? Que veux-tu dire, grand-mère ?

- Quand on sait lire, Museau Pointu, on ne ronge pas les vieux livres. On les regarde, et ils parlent.

- Ils parlent ? Mais que disent-ils ?

- Je ne sais pas, Museau Pointu. Je ne sais pas lire, moi. Je ne suis jamais allée à l’école, et je suis trop vieille maintenant pour apprendre mes lettres."

Elle était très curieuse et très audacieuse, Museau Pointu.

Elle se dit :

«Ces fillettes et ces garçons qui viennent à l’école ne sont pas plus malins que moi. Si je veux, je pourrais très bien apprendre à lire aussi.»


Dès le lendemain matin, Museau Pointu se faufila jusqu’à la salle de classe.

Cette fois, les enfants n’étaient plus assis devant leur table, mais groupés devant un grand tableau noir. Le maître tenait en main une baguette qu’il promenait sur ce tableau, et, chaque fois que le bout de la baguette s’arrêtait en dessous d’un petit dessin tracé en blanc ou en rouge, tous les écoliers se mettaient à crier ensemble.

Parfois, ils criaient : i, i.

D’autres fois, ils criaient : o, o.

D’autres fois encore : u, u.

«C’est amusant, se disait Museau Pointu ; et pas difficile !»

Durant toute la leçon, elle fut très attentive. Elle regardait la forme des lettres en même temps qu’elle disait leur nom.

 Le i, c’est un petit bonhomme qui jette son chapeau en l’air.

Le u, c’est le bout d’une gouttière au bord du toit.

Le o, c’est une lucarne ronde.

le n, c’est le trou du chat dans la porte du grenier.

Le s, c’est la couleuvre qui a mangé une de ses soeurs.

Le c, c’est le chat quand il dort, couché en rond.

Au bout d’une quinzaine de jours, la souris grise avait appris de cette façon toutes les lettres de l’alphabet.

Tout aussi bravement, elle apprit à les rassembler pour faire tu, pour faire lulu, ou fifi.

Et, vers la fin de l’année, cette petite bête lisait aussi bien que vous et moi. Peut-être mieux !


Georges Riguet (Le Bazar aux Histoires)













Les enfants de la pluie

Depuis que le Grand dragon cosmique a été blessé, le monde est divisé en deux pays dissemblables habités par deux peuples ennemis, les Pyross et les Hydross. Les Pyross, adorateurs du feu et de la lumière, ont une peau ocre et des traits anguleux ; le contact de l'eau leur est mortel. Pendant la saison des pluies, ils s'enferment dans leur cité troglodyte d'Orfalaise, pour se protéger de l'eau et des dragons venus du pays des Hydross. Pendant la saison sèche, le grand prêtre de la lumière, Razza, envoie les meilleurs chevaliers pyross faire la guerre contre les Hydross, accompagnés de leurs écuyers. Le jeune Skän, fils de Béryl, veut devenir chevalier, comme son père Rodos. Mais Rodos est mort disgracié après s'être opposé vainement à l'accession au pouvoir de Razza, et Béryl finit par subir le même sort.

Avec l'aide de sa sœur Djuba et de son ami Tob, Skän finit par devenir écuyer. Il découvre alors la réalité de la guerre, et voit pour la première fois les Hydross. Ceux-ci ont la peau turquoise et des traits arrondis ; ils ne peuvent vivre que dans un milieu très humide, et la chaleur les change en statues de pierre pendant toute la durée de la saison sèche. Par un concours de circonstances improbable, Skän rencontre une jeune Hydross, Kallisto. Tous deux tombent amoureux et entreprennent une lutte désespérée contre Razza pour mettre fin à la haine entre les deux peuples.


Durée : 1h22mn10s
Source du résumé : wikipédia